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les orages, & que le dégoût qui suit la jouissance paisible de la solitude & de la tranquillité, le rendroit bientôt à charge à lui-même & à tout ce qui l’environnoit. Mais M. Hume ne voyoit que les efforts de son ressentiment, & ne supposoit tant de défauts à son ami, que pour fournir des mots à une phrase brillante. Toute la vie précédente de J. J. Rousseau, ni même sa conduite, excepté celle qu’il eut peu de jours avant son départ de Mortiers-Travers, ne laisse du tout point soupçonner qu’il étoit né pour les orages. Ce tableau convenoit mieux à un V * *, à un la Beaumelle & à quelqu’autres caracteres de cette trempe. M. Hume ne vouloit pas peindre, il barbouilloit seulement sa colere pour s’amuser.

Me voici arrivé à la scene scandaleuse de cette piece ; c’est le chef-d’œuvre d’esprit de M. Walpole ; son

amour-propre l’avoit trouvé digne de la plume d’un grand Roi, & son insuffisance avoit eu la témérité de le publier sous le nom glorieux de l’immortel Frédéric. Cette ineptie, remplie des plus fausses & des plus extravagantes idées, inonda bientôt toute l’Europe des sottises de celui qui en étoit l’Auteur. Elle commence, vous avez renoncé à Geneve votre Patrie. On ne fut pas long-tans à s’appercevoir que Sa Majesté Prussienne ne pouvoit pas l’avoir écrite, parce que ce Prince étoit mieux informé que M. Walpole, du vrai motif qui avoit engagé J. J. Rousseau à renoncer à Geneve. Celui-ci l’avoit fait à dessein : il avoit demandé qu’on le dépouillât de son titre de Citoyen-bourgeois, afin qu’en instruisant*

[*Dans ses Lettres écrites de la Montagne.] ses