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péché lorsque même elle se seroit récidivée quatre fois par semaine ? Etoit-ce un si grand crime que de faire voyager un homme qui est à l’étroit à bon marché ? Rousseau n’y étoit plus ; sa maladie empiroit, ou pour mieux dire, elle prenoit de nouvelles gradations. Mais la voici qui veut se manifester avec plus d’éclat. Il dit en écrivant à M. Hume. Si vous y avez trempé, je vous conseille & vous défaire de ces petites ruses, qui ne peuvent avoir un bon principe quand elles se tournent en piéges contre la simplicité. Ah ! le pauvre innocent qu’il est à plaindre ! Quoi ! faire sa route dans un bon, carrosse, sans qu’il lui en coûte presque rien, & qui le conduit dans une riante solitude où lui même avoue être au comble de ses vœux ! Qu’entend-il, donc par les piéges que l’on tend, ou que l’on peut tendre par ce procédé obligeant, à sa simplicité, ? Mais il veut qu’on le devine & je ne suis pas forcier.

Ce n’est pas dans cette lettre seule que le bon J. J. Rousseau se plaît à produire des obscurités, c’est dans plus d’un tiers de ses ouvrages. On disoit qu’il étoit né avec un génie fait exprès pour composer des énigmes & n’en jamais donner l’explication. C’est autant que je puis m’y connoître, la charlatanerie du métier de certains Auteurs, qui enveloppent leurs pensées dans des phrases tout-à-fait sombres, pour engager apparemment leurs admirateurs à les appelles à leur secours, non pas pour savoir ce qu’ils n’ont pas dit, mais ce qu’ils avoient envie de dire. Ces Messieurs prêtent à leur éloquent galimathias de séduisantes lumieres, qui ne sont qu’éblouir les esprits bornés ; mais qui sont hausser les épaules aux personnes raisonnables. Est-ce que Rousseau n’auroit pas mieux-fait de