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digne du plus grand mépris, & qui auroit été bientôt publiée par l’un ou par l’autre des faux bienfaiteurs dont ce siecle abonde.

Quoi ! Rousseau auroit cherché à s’attirer par cette ruse, quelques écus pour refuser hautement des poignées de louis d’or ! Il n’auroit étalé son extrême pauvreté que pour s’opposer avec plus d’effronterie & d’orgueil aux bienfaits d’un grand Monarque ! Son égarement ne va pas encore jusques-là. Je croirois plutôt que J. J. Rousseau a contracté une façon de penser, sur les bienfaits qui émanent de l’ostentation, qui ne peut convenir qu’à lui seul, & qui selon moi, ne s’accorde du tout point ni avec la raison ni avec les sentimens de la nature. J’oserois même dire qu’une semblable conduite, de la part d’un homme sensé, seroit une insulte aux décrets de la Providence, & que s’opposer aux dons qu’elle veut nous faire par les mains d’un homme pieux, est en quelque sorte nous déclarer indignes de ses soins & de ses bénédictions. Recevons toujours, & apprenons à faire un bon usage de ce qu’elle nous donne, d’abord pour nous-mêmes, & ensuite pour les objets de pitié qui ne s’offrent que trop fréquemment à nos yeux.

Peut-être que par une haine misanthropique contre tous les hommes en général, M. Rousseau croit qu’il est indigne à un honnête homme d’accepter des secours de ceux que l’on n’aime pas véritablement. Eh ! pourquoi ne pas aimer ceux qui se distinguent par une vertu si rare & si louable ! Mais il n’est pas le seul de ce caractere ; j’en ai connu, je ne dirai pas de ces hommes orgueilleux, mais de ces sortes d’insensés