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sur-tout l’art de les anoblir à son gré. Au reste, ce n’est dans le fond qu’une légere contradiction de sentimens opposés les uns aux autres, & qui ne méritent pas que M. Hume épanchasse son fiel jusqu’à dire, qu’il sait avec certitude que cette affectation de misere & de pauvreté extrême, n’est qu’une petite charlatanerie que Rousseau emploie avec succès pour se rendre plus intéressant & exciter la commisération du public, & qu’il étoit bien éloigné alors, c’est-à-dire en accueillant ce Genevois, de soupçonner un semblable artifice.

Il auroit dû assaisonner cette petite noirceur de quelques exemples ou de quelques traits qui eussent pu servir de preuve à cette trop grossiere calomnie. Sans doute que M. Hume, en se livrant avec trop de chaleur à son ressentiment, ne s’appercevoir pas que cette accusation devenoit un véritable paradoxe, en avançant un instant après : Qu’il savoit que plusieurs personnes attribuoient l’excès fâcheux où se trouvoit M. Rousseau, à son orgueil extrême qui lui avoit fait refuser les secours de ses amis. Défaut qu’il appelle respectable, parce que, ajoute-t-il, trop de gens de Lettres ont avili leur caractere en s’abaissant à solliciter les secours d’hommes riches indignes de les protéger.

Qu’il me soit permis de faire ici une petite digression pour demander à M. Hume, si tous ses ouvrages sont raisonnés de la même maniere : je n’en crois rien ; ils risqueroient trop de ne faire qu’un faut de la boutique du Libraire chez l’Epicier.

Cette petite charlatanerie employée par un homme qui auroit sa réputation à cœur, seroit une très -coupable supercherie