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solitude pour s’y livrer avec plus de tranquillité à son juste regret & à ses méditations chrétiennes ; & s’il ne quitta pas absolument la Cour & le monde où son devoir le retenoit encore, il fit, du moins, assez connoître que le seul commerce qui pouvoit désormais lui être agréable, étoit celui qu’il vouloit avoir avec Dieu.

L’éducation de son fils étoit le principal motif qui l’arrachoit à sa retraite : il n’épargna rien pour bien remplir ce devoir important. Le succès me dispense de m’étendre sur ce qu’il fit à cet égard, & il nous seroit d’autant moins permis de l’oublier que nous jouissons aujourd’hui du fruit de ses soins.

S’il fut bon pere & bon mari, il ne fut pas moins fidele sujet & zélé citoyen. Passionné pour la gloire du Roi, c’est-à-dire, pour la prospérité de l’Etat, on fait de quel zèle il étoit animé par-tout où il la croyoit intéressée : on sait qu’aucune considération ne put jamais lui faire dissimuler son sentiment dès qu’il étoit question du bien public ; exemple rare & peut-être unique à la Cour, où ces mots de bien public & de service du Prince, ne signifient gueres dans la bouche de ceux qui les emploient qu’intérêt personnel, jalousie, & avidité.

Appellé dans les Conseils, je ne dirai point par son rang, mais plus honorablement encore par l’estime & la confiance d’un Roi qui n’en accorde qu’au mérite ; c’est-là qu’il faisoit briller également & ses talens & ses vertus : c’est-là que la droiture de son ame, la sagesse de ses avis, & la force de son éloquence consacrées au service de la Patrie, ont ramène