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droit connoître le lieu & lire dans mon cœur. Vous y devez lire au moins les sentimens qui vous regardent & que vous avez si bien mérités. Si je vis dans cet agréable asyle aussi heureux que je l’espere, une des douceurs de ma vie sera de penser que je vous les dois. Faire un homme heureux c’est mériter de l’être. Puissiez-vous trouver en vous-même le prix de tout ce que vous avez fait pour moi ! Seul, j’aurois pu trouver de l’hospitalité, peut-être ; mais je ne l’aurois jamais aussi bien goûtée qu’en la tenant de votre amitié. Conservez-la moi toujours, mon cher Patron, aimez moi pour moi qui vous dois tant ; pour vous-même ; aimez moi pour le bien que vous m’avez fait. Je sens tout le prix de votre sincere amitié ; je la desire ardemment ; j’y veux répondre par toute la mienne ; & je sens dans mon cœur de quoi vous convaincre un jour qu’elle n’est pas non plus sans quelque prix. Comme, pour des raisons dont nous avons parlé, je ne veux rien recevoir par la porte, je vous prie, lorsque vous serez la bonne œuvre de m’écrire, de remettre votre lettre à M. Davenport. L’affaire de ma voiture n’est pas arrangée, parce que je sais qu’on m’en a imposé ; c’est une petite faute qui peut n’être que l’ouvrage d’une vanité obligeante, quand elle ne revient pas deux fois. Si vous y avez trempé, je vous conseille de quitter une fois pour toutes ces petites ruses, qui ne peuvent avoir un bon principe quand elles se tournent en pieges contre la simplicité. Je vous embrasse, mon cher Patron, avec le même cœur que j’espere & desire trouver en vous.”

J. J. R.