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justice elle-même cherche des présomptions, qui, prises separément, ne sont autre chose que des vraisemblances. On ne sera donc pas surpris qu’on les appelle ici.

Supposons pour un moment qu’il fût possible, que pour des raisons personnelles, des ennemis de M. Rousseau fussent parvenus par cabales odieuses, à le faire maltraiter par sa patrie, & à le forcer d’y renoncer ! Supposons qu’après qu’il se fût retiré à Motiers - Travers, ces mêmes ennemis l’eussent trouvé trop près d’eux, qu’ils eussent excité secrétement le fanatisme de quelques prêtres inconsidérés, que ceux -ci en eussent infecté le peuple, qu’ils l’eussent ameuté contre M. Rousseau, & malgré la protection ouverte du Gouvernement il eût été obligé par délicatesse de quitter le village où il croyoit vivre & mourir tranquille : supposons qu’il eût trouvé la Suisse fermée pour lui, & cela, par les menées de ses ennemis ; il tourne les yeux vers l’Angleterre ; son digne protecteur Mylord Maréchal le détermine à y aller ; M. Hume, savant estimé, s’offre de l’y conduire : il traverse la France, va le joindre à Paris ; le seul bien qui lui reste, sa probité, sa réputation l’ont devancé dans cette ancienne patrie d’adoption, où elles lui firent des amis tendres dans le monde, & des ennemis cachés dans le public littéraire. La

réception honorable qu’il reçut à Paris, réveilla leur haine endormie, elle entreprit ce que n’avoient pu faire de longs revers, de lui ravir sa réputation ; les moyens qu’elle projetta d’employer furent le ridicule & le mépris qui devoient le bannir ignominieusement de chez un peuple libre.

M. Rousseau part sans soupçonner les horreurs qui le suivent ;