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que j’ai voulu l’assassiner sur un grand chemin, ou dans quelque sentier obscur, loin de me courroucer, je sens que je lever rois les épaules, comme cela vient de m’arriver machinalement en y pensant, par humanité pour cet accusateur ; que je compatirois, je chercherois à le dissuader de la folie de son accusation, & si, en admettant l’impossible, elle m’étoit faite par mon ami, je pleurerois sur lui, je calmerois son imagination alarmée par la franchise de mes explications : mais il ne m’arriveroit certainement pas de m’en plaindre. Avançons.

“Cependant le démêlé de ces deux hommes célebres ne tarda pas à éclater. Les plaintes de M. Hume parvinrent bientôt à la connoissance du public, qui eut d’abord de la peine à croire que M. Rousseau fût coupable de l’excès d’ingratitude dont on l’accusoit.” *

[*Page 283.]

Il suit de cet aveu, que c’est M. Hume qui a ébruité, répandu ses démêlés avec M. Rousseau par le canal de ses nombreux amis. Si l’on vouloir infirmer cet aveu si essentiel, j’en appellerois à tout Paris. J’ose attester sans craindre d’être contrarié, qu’il en apprit d’eux seuls & la nouvelle, & les circonstances ; ces bruits, quoique divers, invoquoient tous pour garants les lettres de M. Hume.

Il envoya à ses amis qui craignoient qu’il ne se fût laissé emporter trop loin, un précis de ce qui s’étoit passé entre lui & M. Rousseau, & ne se rendit pas aux raisons qu’ils lui alléguoient pour le faire imprimer : “il aima mieux courir le risque d’un jugement injuste, que de se résoudre à un éclat si contraire à son caractere.