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sciences que les hommes cultivent, & celle qui nous rament le plus naturellement de l’admiration des ouvrages à l’amour, de l’ouvrier. Je ne négligerai pas de le rendre curieux sur les matieres qui y ont rapport, & je me propose de l’y introduire dans deux ou trois ans par la lecture du spectacle de la nature que je serai suivre de celle de Niuventyt.

On ne va pas loin en physique sans le secours des mathématiques, & je lui en ferai faire une année, ce qui servira encore à lui apprendre à raisonner conséquemment & à s’appliquer avec un peu d’attention, exercice dont il aura grand besoin. Cela le mettra aussi à portée de se faire mieux considérer parmi les officiers, dont une teinture de mathématiques & de fortifications fait une partie du métier.

Enfin, s’il arrive que mon éleve reste assez long-tems entre mes mains, je hasarderai de lui donner quelque connoissance de la morale & du droit naturel par la lecture de Puffendorf & de Grotius ; parce qu’il est digne d’un honnête homme & d’un homme raisonnable de connoître les principes du bien & du mal, & les fondemens sur lesquels la société dont il fait partie est établie.

En faisant succéder ainsi les sciences les unes aux autres, je ne perdrai point l’histoire de vue, comme le principal objet de toutes ses études, & celui dont les branches s’étendent le plus loin sur toutes les autres sciences. Je le ramenerai au bout de quelques années à ses premiers principes avec plus de méthode & de détail ; & je tâcherai de lui en faire tire alors tout le profit qu’on peut espérer de cette étude.

Je me propose aussi de lui faire une récréation amusante