Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/257

Cette page n’a pas encore été corrigée

foule ignorante, à exciter les esprits contre Rousseau & contre les quatre estimables anciens qui ont eu : la sagesse de lui résister ; il les désigne assez clairement dans ses prônes :averti par ses confreres, repris fortement par ses proches, sa fougue va croissant chaque jour : en voici un trait assez plaisant : M. le Pasteur prêchoit avec chaleur le dimanche 21 juillet, dirigeant comme de coutume sa déclamation contre les objets de son ressentiment ; & voulant placer un trait heureux, on reconnoît, dit-il, le méchant à son front ; mais auparavant, portant avec véhémence la main sur sa tête, il avoit eu soin de bien enfoncer son chapeau.

Sur l’intéressant chapitre de la vérité qu’il aime tant, qu’il connaît si bien, vous pourrez lui faire plus d’une question : mais avant toutes choses demandez-lui où & en quoi il est professeur ? C’est en véracité, apparemment ; voici quelques theses qu’il a soutenues à cette occasion. Il assura un jour avec affirmation à M. Petitpierre l’aîné, Pasteur à Neufchâtel, que Rousseau lui avoir remis un certain nombre de passages de l’’Evangile, qui servoient’à justifier l’Emile. M. Petitpierre souhaita passionnément de les voir : ils lui furent promis par le premier courier. & n’arriverent point : à la générale suivante, M. le Pasteur de Motiers s’excusa de son mieux sur ces retards : les couriers négligeans avoient porté le paquet à Besançon, & long-tans égaré il venoit de lui être rendu, mais en quittant Motiers il l’avoit oublié dans son bureau : là-dessus nouvelles sollicitations & nouvelles promesses : au bout de quelques mois, ces passages tant demandés & tant promis ne paroissant point, M. Petitpierre