Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/22

Cette page n’a pas encore été corrigée

D’un autre côté bien des peres méprisant assez tout ce qu’on appelle études, ne se soucient gueres que de former leurs enfans aux exercices du corps & à la connoissance du monde. Entre ces extrémités nous prendrons un juste milieu pour conduire M. votre fils ; les sciences ne doivent pas être négligées, j’en parlerai tout-à-l’heure, mais aussi elles ne doivent pas précéder les mœurs sur-tout dans un esprit pétillant & plein de feu, peu capable d’attention jusqu’à un certain âge, & dont le caractere se trouvera décidé très à bonne heure. À quoi sert à un homme le savoir de Varron, si d’ailleurs il ne sait pas penser juste : que s’il a eu le malheur de laisser corrompre son cœur, les sciences sont dans sa tête comme autant d’armes entre les mains d’un furieux. De deux personnes également engagées dans le vice, le moins habile sera toujours le moins de mal, & les sciences, même les plus spéculatives & les plus, éloignées en apparence de la société, ne laissent pas d’exercer l’esprit, & de lui donner en l’exerçant, une force dont il est facile d’abuser dans le commerce de la vie quand on a le cœur mauvais.

Il y a plus à l’égard de M. de Ste. Marie. Il a conçu un dégoût si fort contre tout ce qui porte le nom d’étude & d’application, qu’il faudra beaucoup d’art & de tans pour le détruire, & il seroit fâcheux que ce tems-là fût perdu pour lui : car il y auroit trop d’inconvéniens à le contraindre, & il vaudroit encore mieux qu’il ignorât entièrement ce que c’est qu,’études & que sciences, que de ne les connoître que pour les dé tester.

À l’égard de la religion & de la morale ; ce n’est point par