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Cette déclaration qui ne sera que pour faire sur lui une plus vive impression, n’aura d’ailleurs d’effet que conformément à ce que vous aurez pris la peine de me prescrire en particulier.

Voilà, Monsieur, les préliminaires qui nie paroissent indispensables pour s’assurer que les soins que je donnerai à Monsieur votre fils ne seront pas des soins perdus. Je vais maintenant tracer l’esquisse de son éducation, telle que j’en avois conçu le plan sur ce que j’ai connu jusqu’ici de son caractere & de vos vues. Je ne le propose point comme une regle à laquelle il faille s’attacher, mais comme un projet qui ayant besoin d’être refondu & corrigé par vos lumieres & par celles de M. l’abbé de… servira seulement à lui donner quelque idée du génie de l’enfant à qui nous avons à faire, & je m’estimerai trop heureux que M. votre frere veuille bien me guider dans les routes que je dois tenir : il peut être assuré que je me serai un principe inviolable de suivre entiérement, & selon toute la petite portée de mes lumieres & de mes talens, les routes qu’il aura pris la peine de me prescrire

avec votre agrément.

Le but que l’on doit se proposer dans l’éducation d’un jeune homme, c’est de lui former le cœur, le jugement, & l’esprit ; & cela dans l’ordre que je les nomme : la plupart des maîtres, les pédans sur-tout, regardent l’acquisition & l’entassement des sciences comme l’unique objet d’une belle éducation, sans penser que souvent comme dit Moliere :

Un sot savant est sot plus qu’un sot ignorant.