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il couroit chercher un asyle inviolable auprès de son papa, auquel peut-être il ne manquoit pas ensuite de conter les choses comme il lui plaisoit.

Heureusement le mal n’est pas grand ; à l’âge ou il est, nous avons eu le loisir de nous tâtonner pour ainsi dire réciproquement, sans que ce retard ait pu porter encore un grand préjudice à ses progrès, que d’ailleurs la délicatesse de sa santé n’auroit pas permis de pousser beaucoup :*

[ *Il étoit fort languissant quand je suis entré dans la maison : aujourd’hui sa santé s’affermit visiblement.] mais comme les mauvaises habitudes, dangereuses à tout âge le sont infiniment plus à celui-là, il est tans d’y mettre ordre sérieusement : non pour le charger d’études & de devoirs, mais pour lui donner à bonne heure un pli d’obéissance & de docilité qui se trouve tout acquis quand il en sera tems.

Nous approchons de la fin de l’année : vous ne sauriez, Monsieur, prendre une occasion plus naturelle que le commencement de l’autre pour faire un petit discours à Monsieur votre fils à la portée de son âge, qui lui mettant devant les yeux les avantages d’une bonne éducation, & les inconvéniens d’une enfance négligée, le dispose à se prêter de bonne grace à ce que la connoissance de l’on intérêt bien entendu nous sera dans la suite exiger de lui. Après quoi, vous auriez la bonté de me déclarer en sa présence que vous me rendez le dépositaire de votre autorité sur lui, & que vous m’accordez sans réserve le droit de l’obliger à remplir son devoir par tous les moyens qui me paroîtront convenables, lui ordonnant, en conséquence, de m’obéir, comme à vous-même, sous peine de votre indignation.