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votre compagnie dans cette circonstance. Que seront nos Ministres disoit-on, non point à l’oreille, mais publiquement ? Défendront-ils l’Evangile attaqué si ouvertement, ou le laisseront-ils déchirer par ses ennemis ? Que serez-vous, vous même ? me disiez-vous, Monsieur. Ce dernier ouvrage ne met-il pas obstacle à la continuation de votre tolérance ? M. Rousseau est votre paroissien, ne ferez-vous rien pour la religion, pour l’édification, & pour vous-même ? Si un citoyen de ce pays, ajoutiez-vous, avoit osé dire, ou écrire quelque chose d’approchant à ce qu’avance M. Rousseau, ne séviroit-on pas contre lui ? M. Rousseau, nouveau citoyen, a-t-il donc plus de privileges que tous les anciens citoyens ? N’est-il pas soumis comme citoyen aux loix de l’Etat & aux usages qui y sont de tans immémorial ?

Je me rendis à notre assemblée où le christianisme de M. Rousseau fut examiné les 12 & 13 mars. D’entrée je produisis la déclaration que M. le Lieutenant Guyenet m’avoir remise de sa part le dimanche précédent. Elle fut prise en objet, mais l’on trouva qu’elle n’étoit point suffisante pour réparer le mal que les Lettres de la Montagne avoient déjà fait, & qu’il auroit fallu quelque chose de plus de la part de M. Rousseau pour l’honneur de la religion ; en sorte que bien loin que la compagnie crût devoir consigner en lettres d’or*

[*Page 130.] dans ses régistres cette déclaration de M. Rousseau, elle estima que cet écrit portoit en lui-même sa condamnation, & que si ce livre n’avoir rien qui blessât la religion, M. Rousseau n’étoit pas tenu de prendre des engagermens à ne plus écrire.