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religions, c’étoit une imputation *

[*Expression ajoutée par M. Rousseau. ] fausse, regardant la religion chrétienne comme véritable & sainte, & celle qui peut conduire au salut. Je lui répondis, que je ferois part & de sa lettre, & de son entretien au consistoire, & que je lui rendrois une réponse. Le consistoire unanimement statua, que M. Rousseau pouvoit communier, dans la supposition qu’il parloit sincérement, & que je le sonderois encore là-dessus. Je fis part à M. Rousseau de la délibération du consistoire ; cependant après avoir pris des précautions pour savoir ce que dans notre église l’on penseroit de M. Rousseau, & si son admission à la communion ne causeroit aucun scandale, je m’en informai de mon côté ; je n’appris rien qu’à son avantage, & les anciens me firent un pareil rapport ; de sorte qu’après toutes les précautions je parlai à M. Rousseau & lui dis, de la part du consistoire, que j’avois été chargé de lui représenter, que tout homme qui venoit à la communion faisoit une profession publique de croire en Jésus-Christ, & que conséquemment les membres de l’église le regardoient comme membre de Christ ; que s’il ne faisoit cet acte qu’extérieurement, je me croyois obligé de lui dire, qu’il seroit le plus insigne & le plus perfide de tous les hypocrites ; que lui seul en rendroit compte à Dieu ; mais que s’il agissoit sincérement, comme la charité & le christianisme m’ordonnoient de le croire, sur- tout connoissant ses lumieres & ses mœurs, je bénissois Dieu de cette heureuse circonstance, &que je l’en félicitois de tout mon cœur ; que j’admirois là l’effet de la grace, & que s’il vouloit la seconder de son côté, il éprouveroit