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davantage : c’est ce qui me fut confirmé de bouche par M. Rousseau, dont la santé est foible & chancelante, & qui dépérit journellement. Il écrivit d’ici à Mylord, notre Gouverneur, pour lui demander la permission d’habiter dans ce pays, ce que Mylord lui accorda. Il en informa le Roi, qui appointa la demande de M. Rousseau, *

[*J’avois mis : dans l’attente.] supposant qu’il se comporteroit d’une manière convenable. Depuis-lors jusqu’à ce jour, M. Rousseau, que j’ai eu occasion de voir souvent, s’est montré sur un pied qui lui a été favorable, avec prudence & avec discrétion ; se refusant avec politesse à satisfaire des curieux importuns, qui venoient pour lui faire des questions imprudentes & déplacées.

M. Rousseau a fréquenté très-assidument nos saintes assemblées avec respect, & avec une dévotion extérieure, qui a sait que le peuple en a jugé favorablement. J’ai eu plusieurs conversations avec lui, & je lui ai fait plusieurs objections sur nombre de propositions contenues dans ses ouvrages ; mais il m’a toujours répondu avec modération, se plaignant amérement qu’il étoit envisagé, non-seulement comme un incrédule & un ennemi de la religion, mais comme un athée ; me protestant qu’il étoit sincérement chrétien, & chrétien réformé. Le 24 août dernier, il m’écrivit la lettre dont vous me faites mention, & le lendemain il se rendit auprès de moi pour le même sujet. J’eus occasion alors d’être en conversation avec lui parler plus particulièrement de ses ouvrages, & sur-tout de son EMILE, en lui faisant observer, qu’il me paroissoit,