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les offenses qu’on a reçues, mais jamais celles qu’on a faites, & il n’y a point de haine plus irréconciliable que celle des gens qui ont tort avec nous.

Si vous payez trop cher mes livres, Monsieur, je mets le trop sur votre conscience, car pour moi je n’en peux mais. Il y en a encore ici quelques-uns qui reviennent à la masse, entr’autres l’excellente Historia fiorentina, de Machiavel, ses discours sur Tite-Live, & le traité de Legibus romanis de Sigonius. Je prierai M. Davenport de vous les faire passer. La rente *

[*Celle de dix livres Sterling.] que vous me proposez, trop forte pour le capital, ne me paroît pas acceptable, même à mon âge. Cependant la condition d’être éteinte à la mort du premier mourant des deux la rend moins disproportionnée, & si vous le préférez ainsi, j’y consens, car tout est absolument égal pour moi.

Je songe, Monsieur, à me rapprocher de Londres, puisque la nécessité l’ordonne, car j’y ai une répugnance extrême que la nouvelle de la pension augmente encore. Mais quoique comblé des attentions généreuses de M. Davenport, je ne puis rester plus long-tans dans sa maison, où même mon séjour lui est très à charge, & je ne vois pas, qu’ignorant la langue, il me soit possible d’établir mon ménage à la campagne, & d’y vivre sur un autre pied que celui où je suis ici. Or, j’aimerois autant me mettre à la merci de tous les diables de l’enfer qu’à celle des domestiques Anglois. Ainsi mon parti est pris ; si après quelques recherches que je veux faire encore dans ces provinces, je ne trouve pas ce qu’il me faut, j’irai à Londres ou aux environs me mettre en pension