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fait, & assurément le plus solide & le plus heureux qui puisse être au monde, puis qu’outre les avantages qui en résultent en ma faveur, il est fondé de part & d’autre sur la bonté du cœur & sur la vertu.

Au reste, je ne prétends pas trouver par-là un prétexte honnête de vivre dans la fainéantise & dans l’oisiveté ; il est vrai que le vide de mes occupations journalieres est grand, mais je l’ai entiérement consacré a l’étude, & Madame de Warens pourra me rendre la justice que j’ai suivi assez réguliérement ce plan, & jusqu’a présent elle ne s’est plaint que de l’excès. Il n’est pas à craindre que mon goût change ; l’étude a un charme qui fait que quand on l’a une sois goûtée on ne peut plus s’en détacher, & d’autre part l’objet en est si beau, qu’il n’y a personne qui puisse blâmer ceux qui sont assez heureux pour y trouver du goût & pour s’en occuper.

Voila, mon cher pere, l’exposition de mes vues, je vous supplie très-humblement d’y donner votre approbation, d’écrire à Madame de Warens, & de vous employer auprès d’elle pour les faire réussir ; j’ai lieu d’espérer que vos démarches ne seront pas infructueuses, & qu’elles tourneront à notre commune satisfaction.

Je suis, &c.