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porte-feuille. Depuis mon retour, lisant par hasard dans l’article Rubia peregrina que sa feuille n’avoit point de nervure en-dessus, je me rappellai, ou crus me rappeller que mon Rubia de Pila n’en avoit point non plus, de-là je conclus que c’étoit le Rubia peregrina ; en m’échauffant sur cette idée, je vins à conclure la même chose des autres Garances que j’avois trouvées dans ces pays, parce qu’elles n’avoient d’ordinaire que quatre feuilles ; pour que cette conclusion fût raisonnable, il auroit fallu chercher les plantes & vérifier ; voilà ce que ma paresse ne me permit point de faire, vu le désordre de mes paperasses, & le tems qu’il auroit fallu mettre à cette recherche. Depuis la réception, Monsieur, de votre lettre, j’ai mis plus de huit jours à feuilleter tous mes livres & papiers l’un après l’autre, sans pouvoir retrouver ma plante de Pila, que j’ai peut-titre jettée avec tout ce qui est arrivé pourri. J’en ai retrouve quelques-unes des autres, mais j’ai eu la mortification d’y trouver la nervure bien marquée qui m’a désabusé, du moins, sur celles-là. Cependant ma mémoire qui me trompe si souvent, me retrace si bien celle de Pila que j’ai peine encore à en démordre, & je ne désespere pas qu’elle ne se retrouve dans mes papiers ou dans mes livres. Quoi qu’il en soit, figurez-vous dans l’échantillon ci-joint les feuilles un peu plus larges & sans nervure ; voilà ma plante de Pila.

Quelqu’un de ma connoissance a souhaité d’acquérir mes livres de botanique en entier & me demande même la préférence ; ainsi je ne me prévaudrai point sur cet article de vos obligeantes offres. Quant au fourrage épars dans des chiffons, puisque vous ne dédaignez pas de le parcourir, je le serai