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d’elle, elle n’est proportionnée ni à ma situation ni à mes besoins. Je me suis défait de sous mes livres de botanique, j’en ai quitte l’agréable amusement, devenu trop fatigant pour mon âge. Je n’ai pas un pouce de terre pour y mettre du persil ou des œillets, à plus forte raison des plantes d’Afrique, & dans ma plus grande passion pour la botanique, content du foin que je trouvois sous mes pas, je n’eus jamais de goût pour les plantes étrangeres qu’on ne trouve parmi nous qu’en exil & dénaturées, dans les jardins des curieux. Celles que veut bien m’envoyer Madame la duchesse seroient donc perdues entre mes mains ; il en seroit de même & par la même raison de l’herbarium amboinense, & cette perte seroit regrettable a proportion du prix de ce livre & de l’envoi. Voilà la raison qui m’empêche d’accepter ce superbe cadeau ; si toutefois ce n’est pas l’accepter que d’en garder le souvenir & la reconnoissance, en desirant qu’il soit employé plus utilement.

Je supplie très-humblement Madame la duchesse d’agréer mon profond respect.

On vient de m’envoyer la caisse, & quoique j’eusse extrêmement desiré d’en retirer la lettre de Madame la duchesse, il m’a paru plus convenable, puisque j’avois à la rendre, de la renvoyer sans l’ouvrir.