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Voyez donc, Madame la duchesse, quel ignore correspondant vous vous choisissez, & ce qu’il pourra mettre du sien contre vos lumieres. Je suis en conscience obligé de vous avertir de la mesure des miennes ; après cela si vous daignez vous en contenter, à la bonne heure ; je n’ai garde de refuser un accord si avantageux pour moi. Je vous rendrai de l’herbe pour vos plantes, des rêveries pour vos observations ; je m’instruirai cependant par vos bontés, & puissai-je un jour, devenu meilleur herboriste, orner de quelques fleurs la couronne que vous doit la botanique, pour l’honneur que vous lui faites de la cultiver.

J’avois apporté de Suisse quelques plantes séches qui se sont pourries en chemin ; c’est un herbier à recommencer, & je n’ai plus pour cela les mêmes ressources. Je détacherai toutefois de ce qui me reste, quelques échantillons des moins gâtés, auxquels j’en joindrai quelques-uns de ce pays en fort petit nombre, selon l’étendue de mon savoir, & je prierai M. Granville de vous les faire passer quand il en aura l’occasion ; mais il faut auparavant les trier, les démoisir, & sur-tout retrouver les noms à moitié perdus, ce qui n’est pas pour moi une petite affaire. Et à propos des noms, comment parviendrons-nous, Madame, à nous entendre. Je ne connois point les noms Anglois ; ceux que je connois sont tous du Pinax de Gaspard Bauhin ou du Species plantarum de M. Linnaeus, & j e ne puis en faire la synonymie avec Gérard qui leur est antérieur à l’un & à l’autre, ni avec le Synopsis, qui est antérieur au second, & qui cite rarement le premier ; en sorte que mon Species me devient inutile