Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t13.djvu/454

Cette page n’a pas encore été corrigée

LETTRE II. À LA MÊME.

Grenoble, 13 Septembre 1737.

MADAME,

Je suis ici depuis deux jours : on ne peut être plus satisfait d’une ville, que je le suis de celle-ci. On m’y a marqué tant d’amitiés & d’empressemens que je croyois, en sortant de Chambéry, me trouver dans un nouveau monde. Hier, M. Micoud me donna à dîner avec plusieurs de ses amis, & le soir après la comédie, j’allai souper avec le bon homme Lagere.

Je n’ai vu ni Madame la présidente, ni Madame d’Eybens, ni M. le président de Tancin, ce seigneur est en campagne. Je n’ai pas laissé de remettre la lettre à ses gens. Pour Madame de Bardonanche, je me suis présenté plusieurs fois, sans pouvoir lui faire la révérence ; j’ai fait remettre la lettre & j’y dois dîner ce matin, où j’apprendrai des nouvelles Madame d’Eybens.

Il faut parler de M. de l’Orme. J’ai eu l’honneur, Madame, de lui remettre votre lettre en main propre. Ce Monsieur s’excusant sur l’absence de M. l’Evêque m’offrit un écu de six francs. Je l’acceptai, par timidité ; mais je crus devoir en faire présent au portier. Je ne sais si j’ai bien fait : mais il faudra que mon ame change de moule, avant que de me résoudre à faire autrement. J’ose croire que la vôtre ne m’en démentira pas.