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SCENE IV.
ANAXARETTE seule,
AIR.
Je cherche en vain dissiper mon trouble,
Non, rien ne sauroit l’appaiser ;
J’ai beau m’y vouloir opposer,
Malgré moi ma peine redouble.
Enfin il est donc vrai, j’épouse Philoxis,
Et j’ai pu consentir à trahir ma tendresse !
C’est inutilement que mon cœur s’intéresse
Au bonheur de l’aimable Iphis.
Falloit-il, Dieux puissans, qu’une si douce flâme,
Dont j’attendois tout mon bonheur,
N’ait pu passer jusqu’en mon ame
Sans offenser ma gloire & mon honneur :
Je cherche en vain, &c.
Je sens encor tout mon amour,
Quoique pour l’étouffer l’ambition m’inspire,
Et je m’apperçois trop qu’à leur tour
Mes yeux versent des pleurs, & que mon cœur soupire.
Mais quoi pourrois-je balancer ?
Pour deux objets puis-je m’intérsser ?
L’un est roi triomphant, l’autre amant sans naissance ;
Ah ! sans rougir je ne puis y penser ;
Et j’en sens trop la différence,