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de modeles d’une constance invincible ? Il faudroit n’en omettre aucun pour rendre justice à tous. Combien de Magistrats soutiennent dans les Tribunaux des Provinces l’honneur de ce premier Corps dont ils ont été tirés, & y perpétuent le zele pour la justice & l’amour des Lettres qui lui surent jadis inspirés par Charlemagne.

J’en trouvé la preuve dans vous-même, Monsieur, ce grand Empereur conversoit familiérement avec les gens de Lettres, & leur témoignoit autant de bonté que vous en faites paroître en prenant place dans cette Assemblée. Il excitoit les savans à se distinguer dans la carriere de la littérature par les mêmes caresses dont vous honorez nos jeunes athletes victorieux. Par-tout vous êtes chéri & considéré comme il l’étoit : car il n’est aucun des parens de cette florissante jeunesse, en quelque lieu qu’il habite, qui ne tourne dans ce moment les yeux sur vous, & qui pénétré d’admiration, de zele & de respect ne s’enorgueillisse en quelque sorte & ne s’attendrisse jusqu’aux larmes, lorsqu’il vous voit remplir si dignement les fonctions de Pere à l’égard de ses enfans.

Vous avez droit, illustres Sénateurs, à de pareils sentimens de reconnoissance. Ce n’est pas sans peine que vous quittez ces glorieuses occupations, que votre religion, votre prudence, votre zele infatigable pour la Patrie vous rendent si cheres. Ne regrettez pas néanmoins les courts instans que vous accordez à nos vœux. Ce sont les vertus mêmes que j’ai nommées qui vous conduisent ici : elles ne peuvent que vous bien inspirer. Elles sauront vous rendre avec usure ce peu de tems que vous nous sacrifiez. Votre présence à nos exercices va prévenir des