Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t13.djvu/384

Cette page n’a pas encore été corrigée


Colomb.


Ta barbare fierté ne peut se démentir :
Mais, réponds, qu’attends-tu de ma juste colere ?


Le Cacique.


Je n’attends rien de toi ; va, remplis tes projets.
Fils du soleil, de tes heureux succès
Rends grace aux foudres de ton pere,
Dont il t’a fait dépositaire.
Sans ces foudres brûlans, ta troupe en ces climats
N’auroit trouvé que le trépas.


Colomb.


Ainsi donc ton arrêt est dicté par toi-même.


Carime.


Calmez votre colere extrême ;
Accordez aux remords, prêts à me déchirer,
De deux tendres époux la vie & la couronne.
J’ai fait leurs maux, je veux les réparer :
Ou si votre rigueur l’ordonne,
Avec eux je veux expirer.


Colomb.


Daignent-ils recourir à la moindre priere ?


Le Cacique.


Vainement ton orgueil l’espere,
Et jamais mes pareils n’ont prié que les Dieux.