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Carime.


Quoi donc ! refusez -vous, Seigneur, qu’on vous adore ?
N’êtes-vous pas des Dieux !


Alvar.


On ne doit adorer que seule en ces lieux,
Au titre de héros nous aspirons encore :
Mais daignez m’instruire à mon tour,
Si mon cœur en ce lieu sauvage
Doit en vous admirer l’ouvrage
De la nature ou de l’amour ?


CARIME,
Vous séduisez le mien par un si doux langage,
Je n’en attendois pas de tels en ce séjour.


ALVAR,
L’amour veut par mes soins réparer en ce jour
Ce qu’ici vos appas ont de désavantage :
Ces lieux grossiers ne sont pas faits pour vous :
Daignez nous suivre en un climat plus doux.
Avec tant d’appas en partage,
L’indifférence est un outrage
Que vous ne craindrez pas de nous.


Carime.


Je serai plus encor ; & je veux que cette isle,
Avant la fin du jour, reconnoisse vos loix.
Les peuples effrayés vont d’asyle en asyle
Chercher leur sureté dans le fond de nos bois :