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tolérans ; ils se renferment uniquement dans leurs fonctions, en donnant les premiers aux citoyens l’exemple de la soumission aux loix. Le Consistoire établi pour veiller sur les mœurs, n’inflige que des peines spirituelles. La grande querelle du Sacerdoce & de l’Empire, qui dans des siecles d’ignorance a ébranlé la couronne de tant d’Empereurs, & qui, comme nous ne le savons que trop, cause des troubles fâcheux dans des siecles plus éclairés, n’est point connue à Geneve ; le Clergé n’y fait rien sans l’approbation des Magistrats.

Le culte est fort simple ; point d’images ; point de luminaires, point d’ornemens dans les Eglises. On vient pourtant de donner à la cathédrale un portail d’assez bon goût ; peut-être parviendra-t-on peu-à-peu à décorer l’intérieur des temples. Où seroit en effet l’inconvénient d’avoir des tableaux & des statues, en avertissant le peuple, si l’on vouloit, de ne leur rendre aucun culte, & de ne les regarder que comme des monumens destinés à retracer d’une maniere frappante & agréable les principaux événemens de la religion ? Les Arts y gagneroient sans que la superstition en profitât. Nous parlons ici, comme le Lecteur doit le sentir, dans les principes des Pasteurs Genevois, & non dans de l’Eglise Catholique.

Le service divin renferme deux choses ; les prédictions & le chant. Les prédications se bornent presqu’uniquement à la morale, & n’en valent que mieux. Le chant est d’assez mauvais goût ; & les vers françois qu’on chante, plus mauvais encore. Il faut espérer que Geneve se réformera sur ces deux points. On vient de placer une orgue dans la cathédrale, &