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Postulans, comme nos Prêtres sans bénéfice. Le revenir des Pasteurs ne va pas au-delà de 1200 livres, sans aucun casuel ; c’est l’Etat qui le donne, car l’Eglise n’a rien. Les Ministres ne sont reçus qu’à vingt-quatre ans, après des examens qui sont très-rigides quant à la science & quant aux mœurs ; & dont il seroit à souhaiter que la plupart de nos églises catholiques suivissent l’exemple.

Les Ecclésiastiques n’ont rien à faire dans les funérailles ; c’est un acte de simple police, qui se fait sans appareil : on croit à Geneve qu’il est ridicule d’être fastueux après à mort. On enterre dans un vaste cimetiere assez éloigné de le la ville, usage qui devroit être suivi par-tout.

Le Clergé de Geneve a des mœurs exemplaires : les Ministres vivent dans une grande union ; on ne les voit point, comme dans d’autres pays, disputer entr’eux avec aigreur sur des matures inintelligibles, se persécuter mutuellement, s’accuser indécemment auprès des Magistrats : il s’en faut cependant beaucoup qu’ils pensent tous de même sur les articles qu’on regarde ailleurs comme les plus importans à la religion. Plusieurs ne croient plus la divinité de Jésus-Christ, dont leur chef étoit si zélé défenseur, & pour laquelle il fit brûler Servet. Quand on leur parle de ce supplice, qui fait quelque tort à la charité & à la modération de leur Patriarche, ils n’entreprennent point de le justifier ; ils avouent que Calvin fit une action très-blâmable, & ils se contentent (si c’est un catholique qui leur parle) d’opposer au supplice de Servet cette abominable journée de la St. Barthélemi, que tout bon François desireroit effacer de notre histoire avec son sang, & ce supplice