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montre des miracles, & je refuserai encore de croire. Quelle inconséquence, quelle absurdité ! Mais apprenez donc une bonne fois, M. T. C. F., que dans la question des miracles, on ne se permet point le sophisme reproché par l’Auteur du livré de l’EDUCATION. Quand une doctrine est reconnue vraie, divine, fondée sur une révélation certaine, on s’en sert pour juger des miracles, c’est-à-dire, pour rejetter les prétendus prodiges que des imposteurs voudroient opposer à cette doctrine. Quand il s’agit d’une doctrine nouvelle qu’on annonce comme émanée du sein de Dieu, les miracles sont produits en preuves ; c’est-a-dire, que celui qui prend la qualité d’envoyé du Très-Haut, confirme sa mission, sa prédication par des miracles qui sont le témoignage même de la Divinité. Ainsi la doctrine & les miracles sont des argumens respectifs dont on fait usage, selon les divers points de vue où l’on se place dans l’étude & dans l’enseignement de la religion. Il ne se trouvé là, ni abus du raisonnement, ni sophisme ridicule, ni cercle vicieux. C’est ce qu’on a démontré cent fois ; & il est probable que l’Auteur d’Emile n’ignore point ces démonstrations ; mais dans le plan qu’il s’est fait d’envelopper de nuages, toute religion révélée, toute opération surnaturelle, il nous impute malignement des procédés qui déshonorent la raison ; il nous représente comme des enthousiastes, qu’un faux zele aveugle au point de prouver deux principes, l’un par l’autre, sans diversité d’objets, ni de méthode. Où est donc, M. T. C. F. la bonne foi philosophique dont se pare cet Ecrivain ?

XVII. On croiroit qu’après les plus grands efforts pour décréditer les témoignages humains qui attestent la révélation