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pour le salut ;*

[*Sicut modo geniti infantes, rationabile sine dolo lac concupiscite : ut in eo crescatis in salutem. I. Pet. c. 2] de préparer de bonne heure, par de salutaires leçons, des adorateurs sinceres au vrai Dieu, des sujets fidelles au Souverain, des hommes dignes d’être la ressource & l’ornement de la Patrie ?

III. Or, M. T. C. F., l’Auteur d’EMILE propose un plan d’éducation qui, loin de s’accorder avec le Christianisme, n’est pas même propre à former des citoyens, ni des hommes. Sous le vain prétexte de rendre l’homme à lui-même, & de faire de son Eleve l’Eleve de la nature, il met en principe une assertion démentie, non-seulement par la Religion, mais encore par l’expérience de tous les peuples & de tous les tems. Posons, dit-il, pour maxime incontestable, que les premiers mouvemens de la nature sont toujours droits : il n’y a point de perversité originelle dans le cœur humain. À ce langage on ne reconnoît point la doctrine des saintes Ecritures & de l’Eglise, touchant la révolution qui s’est faite dans notre nature. On perd de vue le rayon de lumiere qui nous fait connoître le mystere de notre propre cœur. Oui, M. T. C. F., il se trouvé en nous un mélange frappant de grandeur & de bassesse, d’ardeur pour la vérité & de goût pour l’erreur, d’inclination pour la vertu & de penchant pour le vice : étonnant contraste, qui, en déconcertant la Philosophie payenne, la laissé errer dans de vaines spéculations ! contraste dont la révélation nous découvre la source dans la chûte déplorable de notre premier pere ! L’homme se sent entraîné par une pente funeste, & comment se roidiroit-il contre elle, si son enfance