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blasphême jusques à la donner pour ridicule, pour contradictoire, & à inspirer une indifférence sacrilege pour ses mysteres & pour ses dogmes qu’il voudroit pouvoir anéantir.

Que tels sont les principes impies & détestables que se propose d’établir dans son ouvrage cet Ecrivain qui soumet la religion à l’examen de la raison, qui n’établit qu’une foi purement humaine, & qui n’admet de vérités & de dogmes en matiere de religion, qu’autant qu’il plaît à l’esprit livré à ses propres lumieres, ou plutôt à ses égaremens, de les recevoir ou de les rejetter.

Qu’à ces impiétés il ajoute des détails indécens, des explications qui blessent la bienséance & la pudeur, des propositions qui tendent à donner un caractere faux & odieux à l’autorité souveraine, a détruire le principe de l’obéissance qui lui est due, & affoiblir le respect & l’amour des peuples pour leurs Rois.

Qu’ils croyant que ces traits suffisent pour donner à la Cour une idée de l’ouvrage qu’ils lui dénoncent ; que les maximes qui y sont répandues forment par leur réunion un systême chimérique, aussi impraticable dans son exécution, qu’absurde & condamnable dans son projet. Que seroient d’ailleurs, des sujets élevés dans de pareilles maximes, sinon des hommes préoccupés du scepticisme & de la tolérance, abandonnés à leurs passions, livrés aux plaisirs des sens, concentrés eux-mêmes par l’amour-propre, qui ne connoîtroient d’autre voix que celle de la nature, & qui au noble desir de la solide gloire, substitueroient la pernicieuse manie de la singularité ? Quelles regles pour les mœurs ! Quels hommes pour la religion