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qu’il regarde toutes les religions comme également bonnes & comme pouvant toutes avoir leurs raisons dans le climat, dans le gouvernement, dans le génie du peuple, ou dans quelqu’autre cause locale, qui rend l’une préférable à l’autre, selon les tems & les lieux.

Qu’il borne l’homme aux connoissances que l’instinct porte à chercher, flatte les passions comme les principaux instrumens de notre conservation, avance qu’on peut être sauvé sans croire en Dieu, parce qu’il admet une ignorance invincible de la Divinité qui peut excuser l’homme ; que selon ses principes, la seule raison est jugé dans le choix d’une religion, laissant à sa disposition la nature du culte que l’homme doit rendre à l’Etre suprême que cet Auteur croit honorer, en parlant avec impiété du culte extérieur qu’il a établi dans la religion, ou que l’Eglise a prescrit sous la direction de l’Esprit Saint qui la gouverne.

Que conséquemment à ce systême, de n’admettre que la religion naturelle, quelle qu’elle soit chez les différens peuples, il ose essayer de détruire la vérité de l’Ecriture Sainte & des Prophéties, la certitude des miracles énoncés dans les Livres Saints, l’infaillibilité de la révélation, l’autorité de l’Eglise ; & que ramenant tout à cette religion naturelle, dans laquelle il n’admet qu’un culte & des loix arbitraires, il entreprend de justifier non-seulement toutes les religions, prétendant qu’on s’y fauve indistinctement, mais même l’infidélité & la résistance de tout homme à qui l’on voudroit prouver la divinité de Jésus-Christ & l’existence de la religion chrétienne, qui seule a Dieu pour auteur, & à l’égard de laquelle il porte le