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n’abuse pas toujours ; car autrement je suis sur que M. Rousseau ne voudroit pas être l’apôtre d’une pareille doctrine.

Notre Auteur s’humanisera, à ce que j’espere, à l’égard des autres Arts, en faveur de l’harmonie qu’il cultive, & qui est si propre à adoucir les humeurs les plus sauvages. L’affaire est déjà plus d’à moitié faite. Nous croyons avoir bien prouvé que les Sciences & les Arts ont une infinité d’utilités, qu’ils fournissent à mille & mille besoins. Nous avons ajouté à ces avantages essentiels, qu’ils rendent les hommes plus humains, plus sociables, moins féroces, moins méchans, qu’ils les sauvent de l’oisiveté, mere de tous les vices. M. Rousseau convient de tous ces chefs ; il blâme l’ignorance féroce, brutale, qui rend l’homme semblable aux bêtes ; & il est constant que telle est l’ignorance de l’homme abandonné à la simple nature. Il avoue que les Sciences, les Arts, adoucissent la férocité des hommes ; qu’ils sont une diversion à leurs passions ; que les lumieres du méchant sont encore moins à craindre que sa brutale stupidité ; qu’elles le rendent au moins plus circonspect sur le mal qu’il pourroit faire, par la connoissance de celui qu’il en recevroit lui-même. Donc nous sommes meilleurs dans ce siecle éclairé, que dans les siecles d’ignorance & de barbarie. Telle est la doctrine que j’ai soutenue dans toutes les notes précédentes. M. Rousseau en convient enfin. Habemus confitentem reum. Et le procès me paroît absolument terminé ; au moins j’espere qu’il sera regardé comme tel par le public équitable & connoisseur.