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d’éclairer la terre, où le Clergé lui-même demeura plongé dans l’ignorance ; nous y verrions la dissolution des mœurs gagner jusqu’à ce Clergé, qui doit être la lumiere & l’exemple du monde chrétien, de l’univers vertueux ; nous y verrions le libertinage égaler l’ignorance ; nous verrions aussi que le changement heureux qu’opéra le renouvellement des Lettres sur les esprits, porta également sur les cœurs, & que la réforme des mœurs suivit celle des façons de penser & d’écrire ; d’où nous serions en droit de conclure que les lumieres & les bonnes mœurs vont naturellement de compagnie, & que tout peuple ignorant & corrompu qui reçoit cette lumiere salutaire, revient en même tems à la vertu, malgré l’arrêt prononcé par M. Rousseau.

Cet Auteur, qui, il y a deux mois, ne comptoit qu’un savant qui fût à son gré, & qui en admet aujourd’hui trois ou quatre ; qui n’exceptoit aucun Art, aucune Science de l’anathême qu’il leur avoit lancé ; qui défendoit tout son terrain avec tant d’assurance,*

[*On reprochoit avec raison à M. Rousseau dans le Mercure de Juin p. 65. de faire main-basse sur tous les savans & les artistes. Soit, répond-il, p. 99. puisqu’on le veut ainsi, je consens de supprimer toutes les distinctions que j’y avois mises. Et p. 102. il menace de ne pas mettre dans ses réponses les modifications qu’on espere y trouver. Ce ton haut bien soutenu est celui d’un brave ; mais quand on le prend pour une mauvaise cause, il est encore plus grand plus difficile, dès qu’on s’en apperçoit, de rentrer en soi-même, & de se radoucir ; comme le fait M. Rousseau dans quelques endroits de ses Observations, où, sur le chapitre des modifications, il a passé nos espérances.] & qui aujourd’hui s’est retranché derriere le boulevard de la théologie, de la morale, de la science du salut ; cet Orateur se trouveroit-il encore