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& non ces moyens, qui sont les causes de ces abus quand ils arrivent ? Qu’enfin, ce ne sont pas les Sciences & les Arts qui ont dépravé les mœurs de ces malheureux, mais au contraire leurs mœurs naturellement perverses, qui ont corrompu leur savoir, leurs gens, ou leurs usages légitimes.

M. Rousseau convient de l’utilité de la science de la religion & des mœurs : c’est donc contre celle de la nature, & des Arts, qui en sont l’application, que portent ces déclamations.

En vain oppose-t-on à M. Rousseau que la nature développée nous offre de toutes parts les merveilles opérées le Créateur, nous éleve vers ce principe de toutes choses, & en particulier de la religion & des bonnes mœurs. En vain les doctes compilations des Niuwentyt, des Derham, des Pluche, &c. ont réuni ce tableau sous un seul coup-d’œil, & nous ont fait voir que la nature est le plus grand livré morale, le plus pathétique comme le plus sublime dont nous puissions nous occuper. M. Rousseau est surpris qu’il faille étudier l’univers pour en admirer les beautés : proposition de la part d’un homme aussi instruit, presqu’aussi surprenante, que l’univers même bien étudié ; il ne veut pas voir que l’Ecriture qui célébre le Créateur par les merveilles de ses ouvrages, qui nous dit d’adorer sa puissance, sa grandeur & bonté dans ses œuvres, nous fait par-là un précepte d’étudier ces merveilles. Il prétend qu’un laboureur qui voit la pluie & le soleil tour à tour fertiliser son champ, en fait assez pour admirer, louer & bénir la main dont il reçoit ces graces. Mais si ces pluies noyent ses grains, si le soleil les consume