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yeux du Lecteur le moins intelligent. Je suis seulement fâché de voir ici comme dans le discours du Citoyen de Geneve, qu’un Orateur de la volée de M. Rousseau, ose porter au sanctuaire des Académies, des paradoxes que Moliere & Delisle ont eu la prudence de ne produire que par la bouche du Misanthrope & d’Arlequin sauvage ; & comme des travers ou des singularités propres à nous faire rire. Revenons au serieux que mérite le sujet qui nous occupe.

L’exception que fait ici Monsieur Rousseau en saveur de la théologie, de la morale, &c. est déjà une demi-rétraction de sa part ; car la science de la théologie, celle de la morale & du salut, sont des plus sublimes, des plus étendues ; elles sont inconnues aux Sauvages, & l’on ne s’avisera jamais de regarder comme un ignorant celui qui en sera parfaitement instruit. Les Athanases, les Chrysostômes, les Augustins sont encore l’admiration de notre siecle par ce seul endroit. Nous venons de voir, il n’y a qu’un moment, que M. Rousseau attribue au renouvellement des Sciences & des Arts la science de la morale ; car celle-ci est l’art de rentrer en soi-même pour y étudier l’homme & connoître sa nature, ses devoirs &, sa fin ; merveilles qui, de son aveu, se sont renouvellées avec les Sciences. Or, cette partie des Arts étant essentielle à tous les hommes, il en résulte que notre Orateur sera forcé d’avouer que le rétablissement des Sciences a procuré à toute la race humaine, cette utilité si importante qu’il s’efforce ici de rendre indépendante, & très-séparée de ces Sciences, incompatible même avec elles.

Quant à la science du salut prise dans ton sens le plus étende