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capables de supporter l’excès du travail & de résister à la rigueur des saisons aux intempéries de l’air.

Les Vérulams, les Descartes & les Newtons — l’espace immense qu’ils ont parcouru. Premiérement, il n’est point que les Vérulams, les Descartes, les Newtons n’aient point eu de maîtres ; ces grands hommes en ont d’abord eu comme tous les autres, & ont commencé par apprendre tout ce qu’on savoit de leur tems. En second lieu, de ce que des génies transcendans, tels que ceux-ci, & tant d’autres que l’antiquité n’a point nommés, ont été capables d’inventer les Sciences &les Arts, l’Auteur veut que tous les hommes apprennent d’eux-mêmes, & sans maîtres, afin de rebuter ceux qui ne seront pas transcendans comme ces premiers ; mais ce qui est possible à des génies de cette trempe, ne l’est pas pour tout autre ; & si les Sciences sont bonnes, ces grands hommes ont très-bien mérité de la société de lui avoir communiqué leurs lumieres, & ceux qui en éclairent les autres hommes participent à cette action. Si au contraire les Sciences sont pernicieuses, ces hommes ne sont plus dignes de, l’admiration de l’Auteur. Ce sont des monstres qu’il falloit étouffer dès les premiers efforts qu’ils ont faits pour franchir l’espace immense qu’ils ont parcouru. Or, ce dernier parti auroit mis le comble à l’extravagance & à la barbarie, & l’Auteur a raison de regarder ces hommes divins comme les dignes précepteurs du genre-humain. On est charmé de voir que la vérité perce ici, comme à l’insçu de l’Orateur ; il est fâcheux seulement qu’elle ne soit point d’accord avec le reste du Discours.