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La Géométrie, de l’avarice. Fixer les bornes de son champ, le distinguer d’avec celui du voisin ; faire, en un mot, une distribution exacte de la terre à ceux à qui elle appartient ; voilà les fonctions & l’origine de la Géométrie ordinaire & pratique, & il n’y a là rien que de très-juste, & que nos Tribunaux n’ordonnent tous les jours pour remédier à l’avarice & à l’usurpation. C’est donc de l’équité & de la droiture qu’est née la Géométrie.

La Physique, d’une vaine curiosité ; la Physique est née de la curiosité, soit ; mais que cette curiosité soit vaine, c’est ce que je ne crois pas que l’Auteur pense. La société est redevable à cette science de l’invention & de la perfection de presque tous les Arts qui fournissent à ses besoins & à les commodités, &, ce qui ne doit pas être oublié, en étalant aux yeux des hommes les merveilles de la nature, elle éleve leur ame jusqu’à son Auteur.

Toutes, & la morale même, de l’orgueil humain. Etoit-ce donc par orgueil que les sages de la Grece, les Catons, & ce que j’aurois dû nommer avant tous, les divins missionnaires de la morale chrétienne, prêchoient la vertu ?

Les Sciences & les Arts—devoient à nos vertus. Comme il n’y a point de doute sur l’origine des Sciences & des Arts, dont la plupart sont des actes ou de vertu, ou tendans à la vertu, leurs avantages sont aussi évidens.

Le défaut de leur origine — sans le luxe qui les nourrit ? Le luxe est un abus des Arts, comme un discours fait pour persuader le faux, est un abus de l’éloquence, comme l’ivrognerie