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leur siecle le plus corrompu de tous ceux qui sont précédé, ô tempora, ô mores, & qui par zele pour les progrès de la vertu, exagerent & les vices du tems, & l’opinion modeste qu’ils ont d’eux-mêmes.

Croit-on que s’il ressuscitoit — C’est ainsi qu’il est beau d’instruire les hommes ! Nous convenons que les Beaux-Arts amollissent cette espece de courage qui dépend de la férocité, mais ils nous rendent d’autant plus vertueux, d’autant plus humains.

Mais les Sciences — & on oublia la Patrie. Rome a tort de négliger la discipline militaire & de mépriser agriculture, notre Orateur d’attribuer ce malheur aux Sciences & aux Arts. L’ignorance & la paresse en sont des causes bien naturelles.

Caton avoir raison de se déchaîner contre des Grecs artificieux, subtils, corrupteurs des bonnes mœurs ; mais les Sciences & les Arts n’ont aucune part, ni à cette corruption, ni à la colere de Caton, qui lui-même étoit très-savant, & aussi distingué par son ardeur pour les Lettres & les Sciences, que par sa vertu austere, selon le témoignage de Cicéron cité.

Aux noms sacrés de liberté — de conquérir le monde & d’y faire régner la vertu. Le talent de Rome a été dans les commencemens d’assembler des gens sans mœurs, des scélérats, de tendre des embûches aux peuples voisins par des fêtes & des cérémonies religieuses que tous ces honnêtes gens ont toujours fait servir à leurs vues, & de perpétuer par-là l’espece & les maximes de ces brigands. Devenus plus, célebres & plus connus dans le monde, il a fallu se montrer sur ce théâtre avec des couleurs plus séduisantes, sous les apparences