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les dimensions peuvent varier de mille manieres, selon les idées & les vues de ceux qui les ont formés, soit en cherchant la plus grande perfection du tout, soit en cherchant la plus facile exécution, sans qu’il soit aisé quelquefois de démêler celui de ces plans qui mérite la préférence. Or, c’est de ces plans qu’on peut dire que si chaque Conseil & chaque Conseiller a le sien, il n’y aura que contradictions dans les affaires & qu’embarras dans le mouvement commun : mais le plan général au lieu d’être celui d’un homme ou d’un autre, ne doit être & n’est en effet dans la Polysynodie, que celui du Gouvernement, & c’est à ce grand modèle que se rapportent nécessairement les délibérations communes de chaque Conseil, & le travail particulier de chaque membre. Il est certain même qu’un pareil plan se médite & se conserve mieux dans le dépôt d’un Conseil que dans la tête d’un Ministre & même d’un Prince ; car chaque Visir a son plan qui n’est jamais celui de son devancier ; & chaque demi-Visir a aussi le sien qui n’est ni celui de son devancier, ni celui de son collégue : aussi voit-on généralement les Républiques changer moins de systêmes que les Monarchies. D’où je conclus avec l’Abbé de St. Pierre, mais par d’autres raisons, que la Polysynodie est plus favorable que le Visirat & le demi-Visirat à l’unité du plan général.

À l’égard de la forme particulière de sa Polysynodie & des détails dans lesquels il entre pour la déterminer, tout cela est très-bien vu & fort bon séparément pour prévenir les inconvéniens auxquels chaque chose doit remédier : mais quand on en vendroit à l’exécution, je ne sais s’il régneroit assez d’harmonie dans le tout ensemble ; car il paroît que l’établissement