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substituer aux Conseils permanens des Commissions extraordinaires, & que quand les finances, par exemple, sont dans un certain désordre, il faut nécessairement les donner à débrouiller à un seul homme, comme Henri IV fit à Rosni & Louis XIV à Colbert. Ce qui signifieroit que les Conseils ne sont bons pour faire aller les affaires que quand elles vont toutes seules. En effet ; pour ne rien dire de la Polysynodie même du Régent, l’on sait les risées qu’excita dans des circonstances épineuses ce ridicule Conseil de raison étourdiment demandé par les notables de l’assemblée de Rouen & adroitement accordé par Henri IV. Mais, comme les finances des Républiques sont en général mieux administrées que celles des Monarchies ; il est à croire qu’elles le seront mieux, ou du moins plus fidèllement par un Conseil que par un Ministre ; & que si, peut-être, un Conseil est d’abord moins capable de l’activité nécessaire pour les tirer d’un état de désordre, il est aussi moins sujet à la négligence ou à l’infidélité qui les y font tomber : ce qui ne doit pas s’entendre d’une assemblée passagère & subordonnée, mais d’une véritable Polysynodie où les Conseils aient réellement le pouvoir qu’ils paroissent avoir, où l’administration des affaires ne leur soit pas enlevée par des demi-Visirs, & où sous les noms spécieux de Conseil d’Etat ou de Conseil des Finances, ces Corps ne soient pas seulement des tribunaux de justice ou des chambres des comptes.