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CHAPITRE V.

Manière de les composer.

À l’égard de la manière de composer ces Conseils, la plus avantageuse qu’on y puisse employer paroît être la méthode du scrutin ; car par toute autre voie il est évident que la Synodie ne sera qu’apparente, que les Conseils n’étant remplis que des créatures des favoris, il n’y aura point de liberté réelle dans les suffrages, & qu’on n’aura sous d’autres noms qu’un véritable Visirat ou demi-Visirat. Je ne m’étendrai point ici sur la méthode & les avantages du scrutin ; comme il fait un des pointe capitaux du systême de Gouvernement de l’Abbé de St. Pierre, j’en traite ailleurs plus au long. Je me contenterai de remarquer que quelque forme de Ministère qu’on admette, il n’y a point d’autre méthode par laquelle on puis se être assuré de donner toujours la préférence au plus vrai mérite ; raison qui montre plutôt l’avantage que la facilité de faire adopter le scrutin dans les Cours des Rois.

Cette première précaution en suppose d’autres qui la rendent utile ; car il le seroit peu de choisir au scrutin entre des sujets qu’on ne connoîtroit pas, & l’on ne sauroit connoître la capacité de ceux qu’on n’a point vu travailler dans le genre auquel on les destine. Si donc il faut des grades dans le militaire, depuis l’Enseigne jusqu’au Maréchal de France, pour former les jeunes officiers & les rendre capables des fonctions qu’ils doivent remplir un jour ; n’est-il pas plus important encore d’établir des grades semblables dans l’administration civile,