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Vous, me parliez du logement auquel vous aviez eu la bonté de songer pour moi. Vous avez bien, Monsieur, tout ce qu’il faut pour ne pas me laisser renoncer sans regret à l’espoir d’être votre voisin ; & pourquoi y renoncer ? Qu’est-ce qui empêcheroit que, dans une saison plus douce, je n’allasse vous voir, & voir avec vous les habitations qui pourroient me convenir ? S’il s’en trouvoit une assez voisine de la vôtre pour me procurer l’agrément de votre société, il y auroit là de quoi racheter bien des inconvéniens, & pourvu que je trouvasse à-peu-près le plus nécessaire, de quoi me consoler de n’avoir pas ce qui le seroit moins.

Vous me parliez de littérature, & précisément cet article le plus plein de choses & le plus digne d’être retenu, est celui que j’ai totalement oublié. Ce sujet qui ne me rappelle que des idées tristes, & que l’instinct éloigne de ma mémoire, a fait tort à l’esprit avec lequel vous l’avez traité. Je me suis souvenu seulement que vous étiez très-aimable, même en traitant un sujet que je n’aimois plus.

Vous me parliez de botanique & d’herborisations. C’est un objet sur lequel il me reste un peu plus de mémoire ; encore ai-je grand’peur que bientôt elle ne s’en aille de même avec le goût de la chose, & qu’on ne parvienne à me rendre désagréable jusqu’à cet innocent amusement. Quelque ignorant que je sois en botanique, je ne le suis pas au point d’aller, comme on vous l’a dit, chercher en Europe une plante qui empoisonne par son odeur ; & je pense, au contraire, qu’il y a beaucoup à rabattre des qualités prodigieuses tant en bien qu’en mal, que l’ignorance, la charlatanerie, la crédulité, & quelquefois