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cette sois-ci les plus forts, & qu’au lieu de vous laisser enlever comme cette année, vous nous aiderez à la retenir.

LETTRE À MYLORD MARÉCHAL.

11 Décembre 1766.

Abréger la correspondance !..... Mylord, que m’annoncez-vous, & quel tems prenez-vous pour cela ? Serois-je dans votre disgrace ? Ah ! dans tous les malheurs qui m’accablent, voilà le seul que je ne saurois supporter. Si j’ai des torts, daignez les pardonner, en est-il, en peut-il être que mes sentimens pour vous ne doivent pas racheter ? Vos bontés pour moi font toute la consolation de ma vie. Voulez-vous m’ôter cette unique & douce consolation ? Vous avez cessé d’écrire à vos parens. Eh ! qu’importe, tous vos parens, tous vos amis ensemble ont-ils pour vous un attachement comparable au mien ? Eh ! Mylord, c’est votre âge, ce sont mes maux qui nous rendent plus utiles l’un à l’autre. À quo peuvent mieux s’employer les restes de la vie qu’à s’entretenir avec ceux qui nous sont chers ? Vous m’avez promis une éternelle amitié, je la veux toujours, j’en suis toujours digne. Les terres & les mers nous séparent, les hommes peuvent semer bien des erreurs entre nous ; mais rien ne peut séparer mon cœur du vôtre, & celui que vous aimâtes une fois n’a point changé. Si réellement vous craignez la peine d’écrire, c’est mon devoir de vous l’épargner autant qu’il se peut.