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au monde moins fait que vous pour y ajouter soi. Pour moi qui les ai sentis si cruellement, & qui n’y peux penser qu’avec la douleur la plus amere, tout ce qu’il me reste à desirer, est de n’en reparler jamais. Mais comme M. Hume ne garde pas le même silence, & qu’il avance les choses les plus fausses du ton le plus affirmatif, je vous demande aussi, Mylord, une justice que vous ne pouvez me refuser, c’est lorsqu’on pourra vous dire ou vous écrire que j’ai fait volontairement une chope injuste ou malhonnête, d’être bien persuadé que cela n’est pas vrai.

LETTRE AU MÊME.

7 Septembre 1766.

Je ne puis vous exprimer, Mylord, à quel point, dans les circonstances où je me trouve, je suis alarmé de votre silence. La derniere lettre que j’ai reçue de vous étoit du........ Seroit-il possible que les terribles clameurs de M. Hume eussent fait impression sur vous, & m’eussent, au milieu de tant de malheurs, ôté la seule consolation qui me restoit sur la terre ? Non, Mylord, cela ne peut pas être. Votre ame ferme ne peut être entraînée par l’exemple de la foule ; votre esprit judicieux ne peut être abusé à ce point. Vous n’avez point connu cet homme, personne ne l’a connu, ou plutôt il n’est plus le même. Il n’a jamais haï que moi seul ; mais aussi quelle haine !