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trouvé la même sureté chez ceux que j’ai faits parmi les gens de lettres. Aussi j’en ai changé quelquefois, & j’en changerai tant qu’ils me seront suspects ; car je suis bien déterminé à ne garder jamais d’amis par bienséance : je n’en veux avoir que pour les aimer.

Si jamais j’eus une conviction intime & certaine, je l’ai que M. Hume a fourni les matériaux de cet écrit. Bien plus, non-seulement j’ai cette certitude, mais il m’est clair qu’il a voulu que je l’eusse : car comment supposer un homme aussi fin, assez mal-adroit pour se découvrir à ce point, voulant se cacher ?

Quel étoit son but ? Rien n’eût plus clair encore. C’étoit de porter mon indignation à son dernier terme, pour amener avec plus d’éclat le coup qu’il me préparoit. Il fait que pour me faire faire bien des sottises il suffit de me mettre en colere. Nous sommes au moment critique qui montrera s’il a bien ou mal raisonné.

Il faut se posséder autant que fait M. Hume, il faut avoir son flegme & toute sa force d’esprit pour prendre le parti qu’il prit, après tout ce qui s’étoit passé. Dans l’embarras où j’étois, écrivant à M. le Général Conway, je ne pus remplir ma lettre que de phrases obscures dont M. Hume fit, comme mon ami, l’interprétation qu’il lui plut. Supposant donc, quoiqu’il fût très-bien le contraire, que c’étoit la clause du secret qui me

faisoit de la peine, il obtient de M. le Général qu’il voudroit bien s’employer pour la faire lever. Alors cet homme stoïque & vraiment insensible m’écrit la lettre la plus amicale où il me marque qu’il s’est employé pour faire lever la clause, mais qu’avant toute chose il faut savoir si je veux accepter sans