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la relation des affaires de Neufchâtel qui me regardent ; je les remis aux mêmes Libraires à leur priere, pour les faire traduire & réimprimer ; M. Hume se chargea d’y veiller ; elles n’ont jamais paru.*

[* Les Libraires viennent de me marquer que cette Edition est faite & prête à paroître. Cela peut être, mais c’est trop tard, & qui pis est, trop à propos.] Dès que la fausse lettre du Roi de Prusse & sa traduction parurent, je compris pourquoi les autres écrits restoient supprimés, & je l’écrivis aux Libraires. J’écrivis d’autres lettres qui probablement ont couru dans Londres : enfin j’employai le crédit d’un homme de mérite & de qualité pour faire mettre dans les papiers une déclaration de l’imposture. Dans cette déclaration, je laissois paroître toute ma douleur & je n’en déguisois pas la cause.

Jusqu’ici M. Hume a semblé marcher dans les ténebres. Vous l’allez voir désormais dans la lumiere & marcher à découvert. Il n’y a qu’à toujours aller droit avec les gens rusés : tôt ou tard ils se décelent par leurs ruses mêmes.

Lorsque cette prétendue lettre du Roi de Prusse fut publiée à Londres, M. Hume, qui certainement savoit qu’elle étoit supposée, puisque je le lui avois dit, n’en dit rien, ne m’écrit rien, se tait & ne songe pas même à faire ; en saveur de son ami absent, aucune déclaration de la vérité. Il ne falloit, pour aller au but, que laisser dire & se tenir coi ; c’est ce qu’il fit.

M. Hume ayant été mon conducteur en Angleterre, y étoit, en quelque façon, mon protecteur, mon Patron. S’il étoit naturel qu’il prît ma défense, il ne l’étoit pas moins qu’ayant une protestation publique à faire, je m’adressasse à lui pour