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tenter de semblable. Après avoir échoué, il pouvoit encore avec un peu d’adresse conserver sa dignité & recouvrer sa réputation. Mais l’amour-propre irrité n’est pas si sage. On pardonne encore moins aux autres le mal qu’on leur a voulu faire que celui qu’on leur a fait en effet. Furieux de voir manquer à la face de l’Europe ce grand crédit dont il aime à se vanter, il ne peut quitter la partie, il dit en Classe qu’il n’est pas sans espoir de la renouer ; il le tente dans un autre Consistoire : mais pour se montrer moins à découvert il ne la propose pas lui-même, il la fait proposer par son Maréchal, par cet instrument de ses menées, qu’il appelle à témoin qu’il n’en a pas fait. Cela n’étoit-il pas finement trouvé ? Ce n’est pas que M. de M. ne soit fin : mais un homme que la colere aveugle ne fait plus que des sottises quand il se livre à sa passion.

Cette ressource lui manque encore. Vous croiriez qu’au moins alors ses efforts s’arrêtent là. Point du tout. Dans l’assemblée suivante de la Classe, il propose un autre expédient, fondé sur l’impossibilité d’éluder l’activité de l’Officier du Prince dans sa paroisse. C’est d’attendre que j’aye passé dans une autre, & là de recommencer les poursuites sur nouveaux frais. En conséquence de ce bel expédient les Sermons emportés recommencement ; on met derechef le peuple en rumeur, comptant à force de désagrément me forcer enfin de quitter la paroisse. En voilà trop, en vérité, pour un homme aussi tolérant que M. de M. prétend l’être, & qui n’agit que par l’ordre de son Corps.

Ma lettre s’alonge beaucoup, Monsieur, mais il le faut & pourquoi la couperois-je ? Seroit-ce l’abréger que d’en multiplier