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LETTRE AU CONSISTOIRE DE MOTIERS.

Motiers le 29 Mars 1765.

MESSIEURS,

Sur votre citation, j’avois hier résolu, malgré mon état de comparoître aujourd’hui par-devant vous ; mais sentant qu’il me seroit impossible, malgré toute ma bonne volonté, de sou tenir une longue séance, &,sur la matiere de soi qui fait l’unique objet de la citation, réfléchissant que je pouvois également m’expliquer par écrit, je n’ai point douté, Messieurs, que la douceur de la charité ne s’alliât en vous au zele de la foi, & que vous n’agréassiez dans cette lettre la même réponse que j’aurois pu faire de bouche aux questions de M. de Montmollin quelles qu’elles soient.

II me paroît donc qu’à moins que la rigueur dont la vénérable Classe juge à propos d’user contre moi, ne soit fondée sur une loi positive, qu’on m’assure ne pas exister dans cet Etat, rien n’est plus nouveau, plus irrégulier, plus attentatoire à la liberté civile, & sur-tout plus contraire à l’esprit de la Religion qu’une pareille procédure en pure matiere de foi.

Car, Messieurs, je vous supplie de considérer que, vivant depuis long-tems dans le rein de l’Eglise, & n’étant ni Pasteur, ni Professeur, ni chargé d’aucune partie de l’instruction publique, je ne dois être soumis, moi particulier, moi simple fidelle à aucune interrogation, ni inquisition sur la foi : de telles inquisitions,