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aille. Si l’on finit par me laisser en repos, je veux alors m’en aller ; c’est un point résolu. Que voulez-vous que je fasse dans un pays où l’on me traite plus mal qu’un malfaiteur ? Pourrai-je jamais jetter sur ces gens-là, un autre œil que celui du mépris & de l’indignation ? Je m’avilirois aux yeux de toute la terre, si je restois au milieu d’eux.

Je suis bien aise que vous ayez d’abord senti & dit la vérité sur le prétendu livre des Princes. Mais savez-vous qu’on a écrit de Berne à l’imprimeur d’Yverdun, de me demander ce livre & de l’imprimer ; que ce seroit une bonne affaire ! J’ai d’abord senti les soins officieux de l’ami Bertrand. J’ai tout de suite envoyé à M. Félice la lettre dont copie ci-jointe, le faisant prier de l’imprimer & de la répandre. Comme il est livré à gens qui ne m’aiment pas, j’ai prié M. Roguin en cas d’obstacle, de vous en donner avis par la poste ; & alors je vous serois bien obligé, si vous vouliez la donner tout de suite à Fauche, & la lui faire imprimer bien correctement. Il faut qu’il la verse le plus promptement qu’il sera possible à Berne, à Geneve & dans le pays de Vaud ; mais avant qu’elle paroisse ayez la bonté de la relire sur l’imprimé, de peur qu’il ne s’y glisse quelque faute. Vous sentez qu’il ne s’agit pas ici d’un petit scrupule d’auteur, mais de ma sureté, & de ma liberté, peut-être pour le reste de ma vie. En attendant l’impression, vous pouvez donner & envoyer des copies.

Je ne serai peut-être en état de vous écrire de long-tems. De grace mettez-vous à ma place, & ne soyez pas trop exigeant. Vous devriez sentir qu’on ne me laisse pas du tems de reste. Mais vous en avez pour me donner de vos nouvelles, &